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Menthe Piment
31 août 2016

Génération Y

Les problèmes existentiels des jeunes diplômés issus des classes moyennes supérieures en quête de sens n’épuisent pas la réalité sociale des générations du millénaire. Et c'est vrai de part et d'autre de l'Atlantique. On commence à connaître par cœur la teneur des colloques et articles sur la «génération Y» (nés dans les années 1980 à 2000), véritable obsession médiatique: on y parle immanquablement de vingtenaires diplômés à l’aise avec le numérique, en quête de sens au travail, narcissiques et égoïstes mais également idéalistes et fascinés par l’entrepreneuriat. En d’autres termes, écrit, Nona Willis Aronowitz dans le magazine Fusion, «beaucoup des considérations sur les “millennials” se sont focalisées agressivement sur les jeunes diplômés issus des classes moyennes supérieures», c’est-à-dire sur une minorité de leur classe d’âge. Et si les difficultés financières de cette jeunesse sont fréquemment abordées, c'est souvent sous l'angle d'une pauvreté passagère qui est le résultat des retards au démarrage de l'insertion professionnelle: on ne parle pas de la jeunesse qui a grandi dans la pauvreté et s'y est maintenue. Ces récits sur la génération Y ne concernent en général aux États-Unis ni les jeunes de moins de 30 ans qui travaillent dans les fast-foods pour le salaire minimum, ni les jeunes pauvres ou sans domicile, ni les jeunes hommes noirs qui peuplent les prisons américaines, bien qu’ils appartiennent à cette génération, écrit encore la journaliste. Cette «dissonance cognitive», poursuit l’auteure, est une habitude bien ancrée dans les récits médiatiques. Déjà dans les années 1990, les vingtenaires étaient considérés comme «ayant du mal à prendre des décisions», et décrits comme des jeunes qui «préfèreraient faire l’ascension de l’Himalaya plutôt que de gravir les échelons de la hiérarchie d’entreprise», comme si la seule alternative qui se posait à la jeunesse se résumait à un choix entre partir à l’aventure à l’autre bout du monde ou intégrer un emploi de cadre dans la finance... Ce que la journaliste décrit dans son article s'applique très bien à la situation française. Monique Dagnaud sur Slate.fr a rappelé à quel point la dite «génération Y» était en fait composée d’au moins deux branches. Or les analyses sur la génération Y ont une fâcheuse tendance à ne s’intéresser qu’aux «gagnants de la compétition du système scolaire»: «La jeunesse dont on parle, celle qui capte la curiosité des médias, qui se raconte et se met en scène dans des livres, des blogs et des tweets, c’est une fraction de la planète “jeunes”. Cette jeunesse connaît une post-adolescence qui s’étire avec les études, elle s’adonne à un gymkhana avant de trouver un job stable mais arrive au bout du compte à s’insérer» C’est «une jeunesse très massivement issue des couches moyennes et supérieures», écrit encore Monique Dagnaud, «celle qui passe par la case université, et donc par l’expérience de la vie de campus».

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Quand on croit que cela va faire du bien, la menthe piment vous rappelle que c'est un piment. Comme l'actualité qui nous berce chaque jour et qui nous rappelle combien le monde est parfois pourri.
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