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Menthe Piment
18 juin 2018

Les banques françaises au début des années 1960

Au début des années 1960, le système bancaire est bien moins concentré qu’il ne le deviendra une décennie plus tard. De petits établissements, dont la Compagnie bancaire, sont positionnés sur des secteurs qui n’intéressent pas les principaux acteurs de la place (Ducourant, 2009b). Le créateur de la Compagnie bancaire est un personnage remarqué par P. Bourdieu. Jacques de Fouchier est un ancien inspecteur des finances bien introduit dans les ministères et dans les banques de la place (Fouchier, 1989). Ses établissements ont pour caractéristique d’avoir pour actionnaires à la fois des banques d’affaires (Worms, le Crédit du Nord et l’Union des Mines, le Crédit lyonnais, la Société Générale, la Banque de Paris et des Pays-Bas ou encore la Banque de l’Indochine) et un actionnariat spécifique lié au secteur d’activité dans lequel l’établissement entend opérer. Ainsi, au cours des années 1950, il crée, entre autres des établissements qui visent le financement de l’équipement des ménages (CETELEM en 1954), du logement (L’Union de Crédit pour le Bâtiment en 1951 et la Compagnie française d’épargne et de Crédit, CFEC, en 1954). Ces multiples sociétés sont regroupées au sein de l’Union française des banques (UFB) qui deviendra, en 1959, la Compagnie bancaire, le changement de nom accompagnant le changement de statut du groupe, devenu holding et banque d’affaires. Par la suite, en 1966, un accord signé fait de la Compagnie bancaire un actionnaire de Paribas en même temps que Paribas renforce sa participation dans la Compagnie bancaire. Deux ans plus tard, le patron de la Compagnie bancaire deviendra le patron de Paribas (1969-1978). Jacques de Fouchier reprendra à nouveau la tête du groupe pendant la nationalisation de cette dernière, en 1981-1986. En parcourant les rapports annuels de la Compagnie bancaire, on peut juger de l’importance du crédit immobilier pour cette banque. En 1963, l’encours distribué par l’ensemble des sociétés du groupe se décomposait comme suit : environ 50 % de l’encours en crédits immobiliers aux particuliers, 30 % en crédits d’équipement pour les particuliers, environ 14 % en crédits d’équipement pour les entreprises et 10 % en crédits destinés aux entreprises pour l’immobilier. À titre de comparaison, en 1954, la part des crédits immobiliers aux particuliers dans l’encours total de la banque était de 29,8 %. À ce propos, le commentaire qui illustre le graphique dans le rapport de l’exercice 1964 est éloquent : « En forte expansion dans tous les domaines, l’activité s’est développée particulièrement rapidement dans le secteur immobilier. En outre, les crédits aux particuliers qui dès l’origine représentaient plus de la moitié des encours totaux tendent à prendre, du fait même de l’expansion du secteur immobilier une place croissante dans l’activité d’ensemble » (Compagnie bancaire, 19656 ). Activité principale du groupe en 1963, le crédit immobilier de la Compagnie bancaire correspond alors à deux logiques d’usage pour ses clients : celles du crédit dit « complémentaire » au crédit attribué par le Crédit foncier et celle d’un crédit à titre principal, pour les personnes non éligibles, pressées, qui ne rentrent pas dans les cas du Crédit foncier ou dont le projet rend l’offre du crédit foncier peu intéressante (l’achat dans l’ancien principalement). Dans tous les cas, la Compagnie bancaire vante un crédit « personnalisé », expression qui désigne la possibilité – plutôt convenue aujourd’hui – de choisir, parmi plusieurs combinaisons de durées et de niveaux de mensualité en fonction des revenus du candidat au crédit. Cette façon de faire s’oppose alors aux pratiques du Crédit foncier qui ne proposait qu’un plan d’amortissement unique. En aucun cas, cependant, il ne s’agit d’un dispositif de scoring qui ferait varier le taux d’intérêt en fonction d’un risque associé au profil de l’emprunteur. L’évaluation de la banque consiste alors uniquement à accepter ou refuser l’emprunteur.

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Quand on croit que cela va faire du bien, la menthe piment vous rappelle que c'est un piment. Comme l'actualité qui nous berce chaque jour et qui nous rappelle combien le monde est parfois pourri.
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